Le trou du C*** du monde."Tout est déjà là. Nous sommes simplement incapables de le voir, ou trop fainéants pour le vouloir." L'histoire de WikiTP commence en 2017 au Carrousel du Louvre à Paris, à quelques mètres de la grande Pyramide, certainement l'un des endroits les plus symboliques de la capitale (merci Dan Brown pour le coup de pouce). L'histoire commence par une douche, une douche de théâtre, un spot qui vous met subitement en lumière sans que vous y soyez préparé, et sans que je m'y attende le moins du monde. A cet instant, après une rencontre furtive immortalisée par une vidéo de 2m57s avec le futur Président de la République Française, tout le microcosme de la formation aux métiers des TP, dont je fais partie, a les yeux rivés sur moi. Moi, le Normand, le provincial, le type qui habite le trou du cul du monde. Et ce n'est pas moi qui le dis, 1) parce que j'aime profondément cette région et 2) parce que j'ai trop de respect pour l'orifice qui, chez les chevaux, produit le précieux crottin : nourriture prisée des pieds de tomates et autres plantes maraîchères. C'est donc ainsi, vers 18:00 le 23 février 2017, que l'aventure WikiTP subit sa première accélération, déclenchant un bang de mur du son, qui subitement montra que quelque chose ici venait de se produire.
La véritable histoire, la seule, commence le 12 décembre 2010, au pied d'une forêt, à des centaines de mètres de toute habitation, là où je vis alors, entouré d'une meute de 7 chiens sauvés de la maltraitance nommés dans l'ordre (Skipper, Airbus, Rmess, Mistral, Beenew, Bogart et Chinon). Elle commence précisément au moment où je réalise que ces choses qu'on croit impossible, on finit par ne pas les faire. Alors qu'en vérité, c'est parce qu'on ne les fait pas, qu'elle sont impossibles. Durant un instant, je "pensé différemment" selon la formule désormais célèbre du type qui a inventé mon téléphone. Je suis là, debout dans ma cuisine, les yeux rivés sur la télé (qui, depuis qu'elle est tombée en panne quelque part en 2012, n'a pas été remplacée) à regarder un reportage de 5 minutes intitulé "Faites votre cinéma chez vous". Le cinéma, ça me connait un peu. Parce que si j'ai depuis longtemps abandonné l'usage quotidien de la fabrique à crétins, je continue de faire grossir une DVDthèque de plus de 500 films et que l'un des meilleurs livres que j'ai jamais lu sur "comment raconter une histoire", à l'époque ou le storytelling n'était pas encore une technique de communication "Top Fashion", est sans hésitation "Ecriture" de celui qu'on qualifie de Maître de l'horreur, depuis que les séries B et les teen movies des 80's sont devenus un genre tout à fait respectable. Toujours debout, le temps s'est arrête, je regarder ce reportage. Mais je pense à tout autre chose. A un problème strictement professionnel que je tente de résoudre depuis plus d'un an et qui me donne du fil à retordre par bobines entières. Depuis septembre 2008, je dirige un centre de formation, un petit centre de formation, le plus petit du grand réseau des centres de formation de la Fédération Nationale des Travaux Publics. (Parenthèse. On va déminer tout de suite. Je sais par expérience que certains parmi vous pensent : Travaux Publics = BTP = Bâtiment = mon pavillon. Non ! Les Travaux Publics, ne sont pas le Bâtiment. De la même façon que deux points [A] et [B] n'ont rien à voir avec le segment qui les relie. La métaphore est tout à fait intentionnelle. Un bâtiment est une boîte fixée au sol, à l'intérieur de laquelle on passe du temps, comme une salle de cinéma (on y revient), une officine de tatoueur, un garage à bateaux ou ma maison au Canada. Pour me rendre de l'officine du tatoueur (vous avez remarqué à quel point tout le monde est tatoué aujourd'hui ?) à ma maison au Canada, j'emprunte des rues, des routes, des ponts. Si je suis un électron ou une goutte d'eau, je vais suivre des réseaux et des canalisations. Bref tout ce qui permet le déplacement d'un bâtiment [A] à un bâtiment [B] emprunte un ouvrage réalisé par les Travaux Publics. Attention ! si vous dites à un p'tit gars des TP qu'il bosse dans le bâtiment.... et surtout s'il est aux commandes d'une pelle hydraulique de 15 tonnes, écartez vous. Un accident est vite arrivé et un trou vite rebouché. Fermons la parenthèse). Le type dans ce reportage télé affirme une chose très simple : "Chacun de nous peut faire son cinéma chez lui" avec un smartphone et un PC standard. Il nous explique comment avec un large sourire comme si c'était à la portée du premier venu. Figé devant l'écran, je bois ses paroles. L'exercice semble d'une simplicité enfantine. Il parait que tout est pré installé sur nos appareils. La fonction "capture vidéo" du smartphone, comme le logiciel de montage du PC. Aujourd'hui tout cela est maîtrisé par des cohortes d'adolescents, mais en 2010 c'était de la science fiction. Le format podcast n'avait pas explosé. Les Youtubers portaient encore des couches, et les vieux comme moi (suis né au cœur de la révolution de 1968 en pleine pénurie de sucre et de lait en poudre) voyaient ce techno-monde d'un œil emprunt de curiosité mêlée de fascination et d'impuissance. Mais je m'accroche. Et le type de conclure "Je ne vous demande pas de me croire ! Essayez !". Faire son cinéma chez soi, dans sa cuisine, son jardin, juste avec un smartphone... ce type raconte n'importe quoi. Tout est bon pour faire de l'audience. Il est 20h10. Puis 20h15. Blanc.... Et si ce n'était pas le cas.... Et si ce type disait la vérité. (Plus tard je devrais relier ce moment au concept d'anti-héro. Le gars, tout ce qu'il y a de plus ordinaire, qui réagit de façon non ordinaire, face à une situation extraordinaire). Et si ce type ne racontait pas de bobards. Et si je pouvais faire ce qu'il dit. Je me mis alors à entrevoir la possibilité d'enfin trouver une solution au problème qui me pourrit la vie depuis que j'assume ce nouveau job dont la description n'avait finalement rien à voir avec la dose quotidienne de difficultés qu'il fallait surmonter. On m'avait bien vendu l'affaire. Mon smartphone à la pomme posé sur la table de la cuisine était équipé d'une fonction vidéo de qualité que je n'avais jamais utilisée. Mon PC à fenêtres compatible avec les pommes, était équipé d'un logiciel de montage basique jamais utilisé non plus; mais oui ! bien là, planqué au fond d'un obscur menu d'utilitaires, comme l'avait affirmé le type de la télé. Finalement il disait peut être la vérité. Si "faire son cinéma à la maison" était possible, je pourrai créer des tutoriels vidéo et résoudre en partie mon problème ! Arrêtez de vous marrer. On est en 2010 au cœur de l'hiver dans la Normandie profonde. A l'époque, je suis déjà passé dans la catégorie des quadras et ma connaissance des potentialités du Web se limite à réserver des billets de trains, envoyer des mails et utiliser de temps en temps un moteur de recherche. Mais grâce à mon prof de maths de sixième, ce jour là un renfort intérieur est sortit de sa réserve. Mon prof de maths de sixième, lors d'une rencontre parents-professeur, posa sur moi une parole qui conditionna le début de mon adolescence et m'envoya suivre un chemin presque tout tracé. Il dit : "Si tu continues comme ça, tu feras des maths dans la vie." ... Allez savoir comment il savait cela. D'ailleurs le savait-il ? En tout cas, il avait raison. J'ai fait des maths dans la vie. J'ai fait des maths parce qu'à l'époque j'avais une orthographe très "fleurie". J'ai fait des maths parce que j'étais incapable de trouver une logique quelconque à l'allemand. J'ai fait encore plus de maths à l'époque où mes notes en maths commencèrent à s'effondrer, juste avant que je prenne conscience que je comprenais mieux avec un cours structuré, qu'avec un mauvais prof. (Ça a son importance pour la suite). Ce prof de maths (le meilleur que j'ai jamais eu) avait posé une parole fondatrice. Je me suis contenté de suivre ses conseils.. (Cours Forrest ! Cours) Alors j'ai continué à faire des maths. Des maths je suis passé à la physique, puis la chimie, la résistance des matériaux, la mécanique du solide, jusqu'à obtenir un diplôme d'ingénieur de l'Ecole Spéciale des Travaux Publics en 1992. Voila pour le CV. Mais le CV on s'en fout. Le truc important, c'est que ce soir là, avec mon smartphone et mon PC, si je n'avais pas été ingénieur, je serais allé me coucher avec le dernier Roman de Murakami. Fin de l'histoire. Problème pas réglé. Mais j'étais ingénieur. Et technicien qui plus est. Savez-vous ce qui distingue un ingénieur de quelqu'un qui ne l'est pas ? Exactement la même chose que ce qui distingue un Don Juan d'un timide. La niaque ! Lorsque la vie se met en travers de votre chemin, vous pose un Big problème, ou vous lance un défit colossal, la partie ne se termine pas. Elle commence. Le défit que me lançait le type de la télé était de taille. Et l'enjeux (Résoudre mon problème au boulot) avait une taille plus grande encore. Au fait, je n'ai jamais totalement résolu le problème en question! Mais selon le premier principe de la sérendipité : c'est en cherchant ce que l'on ne trouve pas, qu'on trouve ce que l'on ne cherche pas.... Et ça n'a pas loupé. 20h20... PC et smartphone en main, je cherchais un sujet pour réaliser My First Tuto. Quel sujet pratico-pratique trouver dans la cuisine d'un type qui ne boit pas d'alcool, ne mange pas d’animaux, recueille des chiens maltraités (dans la limite du raisonnable) et médite quotidiennement ? Faire du thé ? Gagné ! 20:30 top départ.. 23:30 le tuto était en boîte. Capture. Montage. Bande son. Musique. Intro et générique de fin. Le type de la télé avait raison. Moi j'avais des étoiles dans la tête. Une porte s'était ouverte. Je venais de comprendre que mon formatage mental était l'obstacle qui m’empêchait de construire la solution de mon problème au boulot. Ce "truc" dont je rêvais, cet outil qui n'existait pas, dont j'avais besoin, je ne m'étais jamais imaginé capable de le construire par mes propres moyens, ex nihilo, sans aide, sans aucune connaissance et sans le moindre kopec. Pourtant, je venais d'accomplir cette prouesse avec My First Tuto. J'avais créé un tutoriel sans connaissances préalables, sans aide, et sans budget. J'avais réussi ce qui, pour un quadra paumé dans la campagne Normande, relevait d'une certaine prouesse personnelle; et pour un psy, d'un contournement radical de biais cognitif. Je m’inscrivais là, sans le savoir, dans le courant mondial déjà bien enraciné des Hackers, Makers et autres accros au DIY. Retournement de cerveau dans les règles de l'Art et nouveau paradigme de ma pensée : "les choses sont possible tant qu'on n'a pas prouvé qu'elles ne le sont pas". Immédiatement suivi de son corollaire 2.0 "Je kiffe le Wysiwyg". Tout était en place pour attaquer de front le Very Big Problème qui me pourrissait la vie et risquait, si je ne trouvais pas rapidement de solution, de conduire mon petit établissement de formation droit sur les récifs de la cessation d'activité et d'envoyer une quinzaine de personnes à la case chômage sans tirer une carte chance. Pour demeurer sagement dans le champ lexical du chapitre, il était grave temps que je me tire les doigts du C***.
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